Les Catalyseurs de Changement de L'IRAC – Allison Gonsalves | Institut royal d'architecture du Canada

Les Catalyseurs de Changement de L'IRAC – Allison Gonsalves

 

Septembre 2023  

Pour reconnaître les bénévoles de l’IRAC et leur rendre hommage, nous avons le plaisir de vous présenter Allison Gonsalves, OAA, MRAIC, M. ARCH, B. EDS et membre du Comité consultatif sur la promotion de l’équité et de la justice de l’IRAC. 

Merci, Allison!

 

Qu’est-ce qui vous a décidée à devenir architecte?  

Je suis devenue architecte par hasard. Ma famille provenant des Antilles, ma connaissance de l’architecture était limitée et basée principalement sur notre climat et notre environnement. J’ai toujours été passionnée par l’art et le design à l’école secondaire. Contre l’avis de ma famille, j’ai poursuivi des études postsecondaires en art et en design où j’ai pu suivre des cours en architecture et en design d’intérieur. Ces cours m’ont ouvert les yeux sur la créativité en trois dimensions. J’ai découvert avec beaucoup d’enthousiasme une profession qui me stimulait sur le plan artistique tout en étant rigoureuse. Après avoir convaincu mes parents que des études en architecture me mèneraient à une profession enrichissante, j’ai dû faire ma place comme seule personne de couleur dans ma classe. J’ai travaillé deux fois plus fort pour suivre le rythme et j’ai dû apprendre à envisager la conception différemment. J’ai commencé à concevoir avec mon cœur plutôt qu’avec ce que les manuels enseignaient. J’ai choisi de faire ma maîtrise en architecture et je me suis retrouvée dans une école qui soutenait l’équité et offrait l’égalité des chances. Cet environnement m’a permis de réaliser que l’architecture n’était pas seulement une question de bâtiments, mais aussi une question de personnes, d’intégration, d’acceptation, de confort et de beauté. L’architecture est devenue une affaire de conception pour l’âme d’une personne et de création d’espaces auxquels les gens peuvent s’identifier de manière significative. Ce n’est pas toujours possible dans un projet, mais le défi de concevoir des espaces réfléchis et interactifs pour les personnes et les communautés est devenu le principal incitatif qui m’a amenée à devenir architecte.  

Depuis quand êtes-vous membre de l’IRAC et quelle est la valeur de votre adhésion à vos yeux?

J’ai adhéré à l’IRAC il y a 3 ans, parce que je voulais présenter ma candidature comme membre du nouveau Comité consultatif sur la promotion de l’équité et de la justice. Il est essentiel que la profession d’architecte du Canada ait une représentation qui donne un exemple positif et significatif pour la profession et ouvre la voie au changement. Les comités de l’IRAC ont une grande valeur parce qu’ils offrent des occasions et des ressources pour améliorer la profession d’architecte au Canada. Mon adhésion est précieuse, parce que l’IRAC me permet d’apporter des changements positifs au sein de notre profession. En tant que propriétaire d’une petite firme, le fait d’être membre me donne accès à des contrats dont je n’aurais peut-être pas eu connaissance autrement. 

Pourquoi êtes-vous bénévole à l’IRAC? 

Être une femme de couleur dans la profession d’architecte pose bien des défis. Les points de vue biaisés et la discrimination sont bien présents dans le milieu. Je suis bénévole à l’IRAC parce que cela me permet de contribuer à un changement positif. L’IRAC est à l’écoute et veut faire mieux. C’est un organisme qui s’efforce d’apprendre et de sensibiliser. Il respecte ses bénévoles et il investit temps et énergie pour créer une profession qui soit inclusive et respectueuse. 

Qu’est-ce qui est le plus difficile dans votre travail d’architecte?   

L’architecture pose des défis, parce qu’il y a toujours des limites. Il est bien rare que nos clients aient le budget ou qu’ils soient prêts à investir dans un bâtiment inclusif pour tous ou respectueux de notre environnement. Dans la plupart des cas, ce n’est pas une option. Le Code national du bâtiment fournit des normes minimales qui n’assurent pas l’équité pour toutes les personnes ou pour notre environnement. Ces normes ne devraient pas être facultatives. Il est difficile pour nous, comme architectes, de concevoir des bâtiments en sachant qu’ils ne représentent pas l’avenir positivement.    

Pourquoi le domaine de la défense des intérêts est-il important pour vous?   

La défense des intérêts est importante pour moi en raison de ma propre expérience. J’ai vécu la discrimination, les stéréotypes et les préjugés. Je suis devenue architecte pour pouvoir apporter des changements positifs en concevant des espaces, mais j’ai réalisé qu’il y avait des limites invisibles que je ne voyais pas, mais que je ressentais. L’architecture poussait les personnes de couleur vers la sortie ou à tout le moins ne les invitait pas à intégrer la profession. Je voulais sensibiliser les jeunes à la profession pour qu’ils en aient une connaissance que je n’avais pas eue. L’autonomisation des étudiants de couleur peut les inciter à changer leurs collectivités et à plaider en faveur d’un monde bâti qui soit inclusif. Il est important pour moi de plaider aussi en faveur du changement au sein de la profession pour que nous puissions accueillir, retenir et respecter les architectes de couleur qui entrent dans la profession.   

À votre avis, qu’est-ce qui changera ou orientera le plus la pratique de la profession au cours des cinq prochaines années?  

Je pense que la promotion de l’égalité et de l’inclusivité au sein des bureaux oriente actuellement le changement et continuera de le faire au cours des cinq prochaines années. Bien des firmes ont émis des directives pour le changement : pour atteindre la parité des genres, embaucher et promouvoir les personnes de couleur et désapprendre les préjugés ancrés en elles depuis de nombreuses années.  

Quel rôle voyez-vous l’IRAC et les architectes jouer sur les plans de l’action climatique, de la vérité et la réconciliation et de la réforme de l’approvisionnement, parmi d’autres questions importantes?

Le changement s’opère lentement. À mon avis, l’IRAC et de nombreux architectes croient fermement à leur capacité d’apporter un changement positif dans les questions importantes. J’ai toujours cru que le changement surviendra s’il y a une volonté de le créer et s’il y a un plan pour le faire. Il ne se produira pas du jour au lendemain. Il y aura toujours un soutien pour les questions d’amélioration si nous militons en leur faveur. Lorsque nous cesserons de les préconiser, elles disparaîtront. L’IRAC est un chef de file qui peut offrir aux architectes qui le désirent un forum où s’impliquer dans les dossiers qui leur tiennent à cœur. Défendre les intérêts et agir comme une ressource est un rôle important qui permettra à notre profession de progresser. Nous ne sommes qu’une pièce du puzzle. Le changement se produit lorsqu’il y a beaucoup de personnes motivées. Il est essentiel de travailler avec les législateurs, les promoteurs, et autres intervenants et c’est notre rôle d’inviter les autres disciplines à s’asseoir à la table et à discuter. 

Quel conseil donneriez-vous aux personnes qui désirent s’impliquer davantage dans la défense des intérêts liés à l’architecture?

Le conseil que je donne toujours est de ne pas renoncer aux questions qui sont importantes à vos yeux parce qu’alors vous renoncez à vous-même. Il est toujours possible d’apporter un changement positif et nous pouvons faire mieux pour les générations futures de notre profession. Le plaidoyer en architecture peut sembler décourageant si vous ne faites pas partie d’un groupe, mais ce n’est pas toujours la taille du groupe qui compte, mais plutôt la volonté qui l’anime. Il y a bien des façons de défendre les intérêts en architecture et il est possible de le faire en petites étapes, comme l’implication dans son milieu, auprès des décideurs locaux, auprès des jeunes, dans les écoles, ou même dans son bureau. De plus, il y a plusieurs groupes de défense des intérêts en architecture au sein de la communauté qui sont toujours à la recherche d’une autre voix positive.

Comment intégrez-vous la diversité, l’équité et l’inclusion dans votre milieu de travail, dans l’environnement bâti et dans votre travail bénévole?

Dans mon bureau, j’ai encadré des femmes de couleur à qui j’ai donné des occasions et des conseils positifs basés sur mon expérience dans la profession d’architecte. Dans le cadre de mes activités bénévoles, ma firme s’est associée à des programmes de loisirs communautaires pour sensibiliser des étudiants de diverses origines à l’architecture, grâce à un parrainage de l’OAA. De plus, j’ai commencé à enseigner au niveau postsecondaire en tant que mentore pour aider les femmes de couleur à réussir dans cette profession.

Dans mon travail, je plaide pour que les normes du Code du bâtiment assurent l’inclusivité des espaces. J’ai également engagé des consultants pour qu’ils me conseillent sur les meilleures pratiques pour l’environnement et l’aménagement des terres. De plus, je m’assure que les personnes avec qui je travaille soient reconnues pour leur travail et qu’elles aient toutes les mêmes possibilités de croissance dans leur carrière.   

Qu’aimez-vous faire en dehors de l’architecture?  

J’aime passer du temps avec mes enfants! Ils sont amusants et aventureux, ce qui m’aide à rester optimiste. Je trouve aussi toujours du temps pour mes amis et ma famille, ce qui me permet de maintenir les liens avec ma culture et me donne de l’énergie. Et je ne refuserai jamais une soirée à écouter ou à danser au son d’un grand groupe de musiciens.